Quels furent les éléments de diagnostic à l'origine de l'expérience ?
Un diagnostic partagé par les travailleurs sociaux de manquer d'espace collectif pour avoir une approche globale
Mots clés associés à l'actions
Solidarité
Démocratie & citoyenneté
Emploi, économie
Santé
Précarité
Intégration
vacances / loisirs
Description générale
Cette action s’adresse à des publics fragilisés, en situation de précarité qu’elle soit financière, sociale ou autre. Les publics sont orientés par des professionnels du social (par ex : CCAS, MDS…), de l’insertion professionnel (MLI), du médico-social et du médical (par ex : les CMP).
Cette action a été imaginée à partir d’un constat simple : pour les personnes en situation de précarité et d’isolement, l’entretien individuel avec le travailleur social ne permettait pas une accroche suffisante pour redynamiser et remettre en projet un certain public. Au fur et à mesure de notre avancée dans le projet, les différentes évaluations nous ont amené à constater que le public accueilli rencontrait non seulement des difficultés d’ordre social , mais aussi sur le plan de la santé, et plus largement autour de la notion de mal être.
Notre axe d’intervention se situe essentiellement sur un travail autour de l’estime de soi au travers d’actions collectives en s’appuyant sur des outils culturels ou socio-culturels. C’est la question du développement des compétences psychosociales qui est ici abordée. Les sentiments de dévalorisation, d’isolement, de perte du sentiment d’utilité… font partie des manifestations qui se combinent pour produire des blocages et un sentiment d’impuissance. Dans le cadre de nos actions, il s’agit d’ouvrir des espaces qui vont permettre aux personnes de valoriser leurs compétences et d’instaurer des relations de confiance favorisant ainsi l’ouverture, l’expression et l’échange. Tout ceci va contribuer à agir sur la dynamisation des personnes. Le travail sur le renforcement de l’estime de soi va favoriser un mieux-être, elle va permettre à la personne de développer des aptitudes à maintenir cet état de mieux être mental, en adaptant un comportement approprié et positif. C’est en cela que cette action va favoriser la promotion de la santé en agissant sur deux déterminants sociaux de la santé : le stress et le soutien social.
Pour cela, nous nous appuyons aussi sur la définition de l’OMS citée dans la Charte d’Ottawa, qui définit la santé « comme une ressource de la vie quotidienne et non comme un but de la vie ; il s’agit d’un concept positif mettant en valeur les ressources sociales et individuelles, ainsi que les capacités physiques ». La promotion de la santé, cadre dans lequel se situe plutôt l’action des centres sociaux, est un « processus qui confère aux publics le moyen d’assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé et d’améliorer celle-ci ».
Notre action se situe dans une approche globale de la santé, c'est-à-dire que nous devons agir aussi bien sur la notion d’estime de soi, l’intérêt porté à sa santé, mais aussi sur la mise en œuvre du lien social. Ces deux aspects semblent indissociables et constitue le préalable à une véritable insertion sociale voire professionnelle.
Description de l'expérience, ses objectifs, ses acteurs et ses différentes phases.
B – LES OBJECTIFS
a) Les objectifs généraux
1) Apporter un mieux-être et revaloriser l’image de soi
2) Permettre de recréer du lien social et rompre l’isolement
b) Les objectifs opérationnels
1) Accompagner la personne en lui permettant de s’occuper de soi physiquement et moralement
2) Permettre la rencontre avec d’autres personnes
3) Favoriser la solidarité au sein du groupe
4) Permettre aux personnes de s’impliquer activement
5) Favoriser l’accès aux loisirs et à la culture
C – LE PUBLIC
Jeunes et adultes orientés, dans le cadre d’un suivi individuel, par des professionnels du social, du médico-social ou du médical.
Jeunes et adultes en situation d’isolement, en situation de précarité financière ou sociale, et/ou connaissant des difficultés d’ordre psychique/ jeunes et adultes en situation d’insertion professionnelle.
D – LE DEROULEMENT
Cette action, qui fonctionne autour d’un partenariat, se déroule en 2 temps : les sorties du vendredi et les ateliers du jeudi.
1) Les partenaires
Des rencontres régulières entre les partenaires sont nécessaires tout au long de l’action : elles permettent d’échanger, parfois de se repositionner par rapport aux objectifs du projet. Ces rencontres ont lieu en moyenne une fois tous les mois et demi. Elles ont pour but de faire le bilan des activités passées, de préparer les prochaines, d’évaluer l’évolution du groupe et des personnes participantes. L’idée est d’être garant des objectifs du projet par une cohérence et une attitude/posture commune dans notre rôle de travailleur social. Ces temps de réunion sont importants car ils vont servir de base de travail pour les référents. La participation au groupe de chaque personne s’inclut dans un accompagnement social global, et elle va être complémentaire au suivi individuel.
Chaque participant est orienté par un travailleur social partenaire du projet. Lors d’un entretien individuel, la personne pourra exprimer ses attentes quant à sa participation à l’action. Le référent social est présent (si le participant le souhaite) lors de l’arrivée de la personne au groupe afin de faciliter son intégration et de réguler les angoisses. Un animateur de la Maison des 3 Quartiers est présent lors de chaque rencontre pour permettre un accueil privilégié au sein de la structure.
La complémentarité des partenaires peut permettre aux personnes d’effectuer une démarche personnelle vers la reconnaissance de leurs problèmes de santé, corporels ou psychologiques, vers la participation à des activités de loisirs, ou à une démarche de suivi social.
2) L’organisation
Les activités sont définies avec les membres du groupe, lors des temps collectifs. Elles évoluent en fonction des propositions ou des opportunités qui se présentent. Ceci fait alors l’objet de discussions entre les participants.
a) Les sorties du vendredi
Elles se font une fois par mois : la régularité, le rythme offrent des repères dans le temps. L’après-midi se conclut par un temps d’échanges qui permet à chacun de s’exprimer tant sur l’activité que sur la vie du groupe. Le choix des sorties fait appel, au-delà de la mise en relation des personnes :
- A l’effort physique (balades, marches…)
- A la découverte d’environnements proches, faciles à se réapproprier
- A dépasser les peurs en découvrant des activités et des lieux nouveaux
- A une curiosité intellectuelle
- A la convivialité
- A l’initiative
b) Les « ateliers » du Collectif
Ces ateliers fonctionnent au rythme d’un jeudi par mois. Ils ont été mis en place, à la demande des participants, pour permettre des rencontres plus régulières entre les personnes, mais aussi pour pouvoir travailler sur des projets plus précis. Les rencontres peuvent d’ailleurs être plus nombreuses en fonction des projets proposés.
A l'instar d'une année 2012 riche en projets et en rencontres avec la réalisation collective d'un recueil de textes ayant pour thème les 3 Quartiers, les ateliers du Collectif Santé Loisirs s'orientent de nouveau vers un projet sur le patrimoine de Poitiers et plus précisément celui des 3 Quartiers. Le groupe choisira une dizaine de sites, monuments sur lesquels ils souhaitent faire des recherches. Leur envie est de montrer « l’avant » et « l’après » de ces sites au travers de photos et d’écrits. Le projet se construira en plusieurs phases :
- Une 1ère phase de recherche de documents : pour cela, nous utiliserons les différents outils à notre disposition : rencontres avec le service patrimoine de la Médiathèque de Poitiers, visite guidée avec un guide conférencier du service patrimoine de la ville de Poitiers, rencontre avec des personnes pouvant nous apporter des connaissances sur l’histoire du quartier…
- Une 2ème phase qui va consister à prendre des photos des lieux sous leur forme actuelle : prises de vue, travail sur les photos avec l’outil informatique…
- Une 3ème phase qui permettra la mise en forme de tous les éléments recueillis : photo, écrits….
En plus de répondre à des objectifs liés aux compétences de chacun au service d'une création artistique, ce projet soutient également la transversalité des actions des différents secteurs du centre social. En effet, le travail réalisé sera présenté dans le cadre de l’action « Quartiers Libres » (fête de quartier) qui aura lieu les 19, 20 et 21 septembre 2014. Cette année, l’action « Quartiers Libres » regroupe un ensemble de partenaires du territoire, qui auront eu aussi travaillé sur le patrimoine. Nous veillons ici à dé-stigmatiser une action d'insertion et ainsi, la rendre universelle.
Nous constatons que ce temps est important, car au-delà de la rencontre, la création et l‘aboutissement d’un projet va contribuer, pour la personne, à une meilleure estime de soi. C’est un temps de valorisation où l’on va pouvoir mettre en avant ses compétences, ses savoir-faire.
c) Les temps forts
- La sortie à Noël : au-delà de la convivialité, ne pas se sentir exclu des fêtes de fin d’année, fêter Noël comme tout le monde.
- La sortie de Juin : c’est aussi un temps de bilan de l’année, d’écoute et de perspectives pour l’année à venir. C’est l’expression de chacun sur la vie du groupe.
- La rencontre intergroupes de la Vienne au mois de Juin qui consiste à rassembler l’ensemble des groupes du département sur une journée autour d’un projet commun.
d) Les moyens
Matériel
La Maison des 3 Quartiers met à disposition des locaux : la salle blanche pour les activités et les temps de bilans, du matériel photo, vidéo, informatique….
Les minibus sont parfois utilisés dans le cadre des sorties.
Humains
- 2 animateurs M3Q mis à disposition par l’association
- 1 assistante sociale ou la conseillère en ESF de la M.D.S. de Poitiers
(Ces 2 professionnels interviennent en alternance sur le groupe)
Quels sont les impacts ou effets positifs produits par cette expérience au niveau du public, du centre social ou de l'environnement ?
Les témoignages des personnes démontrent que cette action favorise :
1) Le développement culturel
Par la réconciliation des personnes avec leurs histoires : prise de conscience et perception nouvelle de soi (restauration de la dignité, de la confiance en soi, sentiment d’exister), modifications d’attitudes.
Par le développement des connaissances et de l’esprit critique.
Par la redynamisation psychologique (re-motivation) et physique (mobilité).
Par l’acquisition de savoirs (savoirs faire, savoirs être).
2) Le développement social
En favorisant le vivre ensemble : le partage des savoirs, l’ouverture aux autres et le sentiment d’appartenance à un groupe, une meilleure écoute et respect de l’autre.
Par l’appropriation de son histoire dans une histoire globale.
En développant le sentiment d’être utile.
Par la connaissance de son environnement social et culturel.
Quels furent les facteurs de réussite de cette expérience ?