Actions
Luttes contre les discriminations
- Structure organisatrice
- CENTRE SOCIAL DE L'AGORA - Val-d'Oise
- Publié par
- mariam DIALLO
- Thèmes
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- Tout public
- Autres ...
- Lutte contre l'exclusion
- Autres ..
- Lutte contre les discriminations
- Fichier(s) associé(s)
- Quels furent les éléments de diagnostic à l'origine de l'expérience ?
- Le diagnostic porte essentiellement sur la perception qu’ont les habitants de l’image de leur quartier, de la différence qui est ressenti entre les deux quartiers principaux (Toupets et Bussie). Les habitant ont également un réel sentiment d’abandon de leur quartier et voit au quotidien les stigmates du délabrement de ce dernier. Ils soulignent pourtant l’importance du bien vivre et de la solidarité qui existent dans leur quartier mais ne souhaitent plus vivre de discriminations par rapport au reste de la ville.
- Mots clés associés à l'actions
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- intergénérationnel
- discriminations
- Description générale
- Un travail tout au long de l'année en partenairait avec la population sur le thèms des luttes contre les discriminations. Projet développé au travers de tmps d'animations et de formations
- Description de l'expérience, ses objectifs, ses acteurs et ses différentes phases.
- Les objectifs généraux du projet 1. Faire comprendre ce que sont les discriminations 2. Permettre aux vauréaliens de parler de leur quartier 3. Laisser une trace de la parole des habitants 4. Sensibiliser les élus et les DG aux discriminations Les partenaires du projet : Le Point Information Jeunesse La Sauvegarde 95 (éducateurs de rue) Le service prévention ville La fédération des centres sociaux L’accompagnement à la scolarité Le collège des Toupets Les bénévoles L’Afifa (Alphabétisation) L'action : Faire comprendre ce que sont les discriminations Pour cela, j’ai pu employer, comme prévu, des supports pédagogiques très différents : exposition, slam, vidéo, ateliers manuel et sportif pour le handicap et débat. Ce qui a permis aux habitants d’avoir différentes façons de trouver des réponses à leurs questions. Les participants ont pu comprendre en faisant, en écoutant et en regardant. Aux deux temps forts, il y a eu le public escompté puisque pour le vernissage il y a eu 82 personnes de tous les âges. Ils ont pu voir l’exposition, écouter les textes de slam sur les origines des jeunes de Vauréal, lire quelques lettres du livre « Les vauréaliens écrivent leur ville » et voir deux vidéos : celle des jeunes du service Sauvegarde 95 et celle du centre socioculturel. Mme le maire était également présente, ce qui donne un peu plus d’importance à cet événement. A la journée autour du handicap, il y a eu une petite 276 de personnes. Deux groupes de public différents. Beaucoup d’enfants qui ont participé aux ateliers sportifs (handibasket, parcours des 5 sens, chien guide d’aveugle) et à quelques ateliers manuels. Et des groupes de personnes en situation de handicap mental, d’une structure de la ville voisine, qui sont venus voir leur exposition mise en place par leurs animateurs. Ils étaient parfois accompagnés de leurs parents. Ils ont aussi participés à des ateliers manuels. Il y a eu de belles rencontres, et beaucoup de regards, car les enfants ont été parfois intimidés ou impressionnés par la présence de ces personnes qui ont des déficiences intellectuelles. J’en retiendrai une chose forte. Grâce à cette rencontre, deux personnes en situation de handicap vont intégrer le groupe de femmes du centre socioculturel le jeudi après midi. Les ponts, les échanges se construisent. C’est très important pour moi, c’est un point de départ pour lutter contre les discriminations. De plus dans les livres d’or, certaines personnes ont pris le temps d’écrire l’intérêt qu’ils ont trouvé dans nos actions, ainsi que leur soutien. Ce sont pour moi, des petites victoires. Le stand tenu par l’Observatoire des Inégalités a été particulièrement apprécié, car les habitants ont pu poser de nombreuses questions. Mais il n’y a pas eu assez de monde, car les enfants y sont peu allés et les personnes en situation de handicap non plus. Reste des parents, quelques adultes et ceux qui tenaient les autres ateliers. Ces journées servent aussi aux professionnels qui s’échangent savoirs et conseils, puis parfois montent aussi des projets entre eux. Pour ce qui est de la journée de formation du mois de février, avec les collègues, les partenaires et quelques habitants, cela a été une vraie réussite. Nous étions 20 personnes et ce temps de rencontre et de réflexions a été très constructif et participatif puisque tout le monde a pu s’exprimer . Par contre le comité de pilotage lié à cette formation prend plus de temps que prévu à se mettre en place. Les emplois du temps des uns et des autres, en est la cause première. Permettre aux Vauréaliens de parler de leur quartier comme ils l’entendent et de le faire découvrir aux autres pour faire ville Le livre de lettres s’intitule : « Les Vauréaliens écrivent leur ville » . Il rassemble 40 lettres, j’ai donc pu atteindre mon objectif. Mais toute la communication mise en place me pose question. En effet, il y a eu une annonce dans l’Etincelle, le journal de la ville, qui a amené deux lettres seulement. Un envoi de 500 flyers aux séniors, pour une seule réponse. Une annonce à la bibliothèque pour une lettre aussi. Les autres lettres ont été écrites grâce aux deux très beaux ateliers d’écriture que j’ai mis en place avec les groupes d’alphabétisation. Puis grâce au travail de mes collègues, Karo Lynn et Nicolas, les animateurs du centre socioculturel qui en ont parlé aux usagers et ont mis en place une matinée d’écriture au café des hirondelles. Enfin, avec quelques membres de l’équipe et quelques partenaires, nous avons glanés quelques lettres de plus en parcourant le parc du belvédère du quartier des Toupets. Les femmes, les hommes et même des jeunes qui profitaient du soleil se sont prêtés au jeu avec plaisir. Une nouvelle preuve que la communication par voie d’annonce n’est pas la meilleure et que rien ne vaut le contact direct. Il faut savoir prendre ces temps là. Quarante personnes ont donc pris le temps d’écrire et toutes les lettres ont été publiées, sans censure. Les habitants ont pu parler de leur ville comme ils le souhaitaient . L’objectif de ce livre est, qu’à sa lecture, les préjugés que les habitants ont sur tel où tel quartier de la ville, tombent. Il y a eu des lectures publiques, les lettres ont été exposées, le livre pourra être consulté à la bibliothèque de la ville et dans toutes celles de l’agglomération (soit 10 en tout) et bien entendu à l’Agora. A la rentrée de septembre, il est aussi prévu que l’on édite quelques lettres dans le journal de la ville. Pour ce qui est de l’émission de radio, nous avions pris un peu de retard, le temps de regrouper les jeunes motivés pour cette aventure. Mais le projet a pu avoir lieu puisque nous avions fait une première réunion avec cinq jeunes de quartiers différents. Ils ne se connaissaient pas tous, mais il y a eu de bons échanges entre eux. Le fait qu’ils n’étaient pas toujours d’accord sur certains aspects de la ville enrichissait le débat. Nous avions aussi eu rendez-vous avec le directeur de la radio local, RGB qui a bien recentré les questions et à pris ses repères avec les jeunes, car c’est lui qui fera l’interview. L’émission a eu lieu le 19 juin. Pour cette action aussi, l’équipe projet n’a pas souhaité de censure, mais j’ai tout de même eu une petite appréhension, car un des jeunes volontaires, fait parti de la liste d’opposition à la mairie et je craignais qu’il profiter de cette occasion pour s’exprimer politiquement. J’ai été très claire avec eux sur ce sujet, en leur disant que ce n’était pas une tribune politique. J’ai une soupape de sécurité puisque l’émission ne sera pas en direct, mais je leur ai fait confiance bien que j’ai parfois pu sentir l’inquiétude des élus. Et malgré cela, ils m’ont laissé aller au bout de l’action. Laisser une trace de la parole des habitants Nous l’avons vu, j’ai insisté pour que les participants des différentes actions soient accompagnés pour écrire dans le livre d’or ainsi que sur le bilan qui leur est destiné. Cela a été fait, de même que sur un mur d’expression. Le livre de lettres a été pensé pour qu’il puisse être consulté à tout moment par qui veut dans différents endroits clés de la ville et c’est aujourd’hui possible. Les habitants pourront donc bien lire et relire ses lettres et grâce à elles, découvrir ou redécouvrir Vauréal. Mme le maire a proposé que les textes de slam, écoutés lors de la soirée de vernissage de l’exposition, soient édités dans le journal de la ville. Que ce travail continu d’être partagé est très important. Quant à l’émission de radio, le service communication de la ville m’a confirmé qu’elle pourra mettre le lien de l’émission sur le site internet de la ville, pour qu’elle puisse être écoutée en podcast à tout moment. Donc les paroles des jeunes de la ville pourront elles aussi, être écoutées et réécoutées. Faire participer les élus à la lutte contre les discriminations Après un tour de table où tout le monde a présenté son voisin, chaque participant a choisi deux photos parmi celles qui étaient exposées. Une photo qu’il trouvait discriminante et une autre non discriminante. Une cinquantaine de mots qui ont été dit lors de la description des photos ont été écrits sur des post-it : race, racisme, métisse, égalité, féminisme, africain, noir, blanc, faciès, délit de faciès, femme, beauté, noir pauvre, enfant, handicap, gay pride, charnière, lien, progrès, justice, universalité, droits, droits de l’homme, intégrer, fraternité, humaniste, bien de l’humanité, trop et pas assez, préjugé, inégalité, égaux, accéder, accessibilité, fier, libre, être soit même, se battre, négocier, réformes, rien n’est jamais acquis, les avancées, difficile à vivre, positif, avoir une place, bien travailler, compétence, école publique, réussite scolaire, emploi, recrutement, rêve, Rosa Park, Coluche, Mandela. Par groupe de 4, après discussion, les participants ont choisi un mot qu’ils jugeaient discriminant et un autre pas. Chaque groupe a expliqué ses choix. En petite table ronde, nous avons réfléchis et dis si nous étions d’accord ou non, sur ces 4 affirmations : - Une commune, au sein de laquelle il n’y a pas de DG d’origine étrangère, est discriminante. - Un groupe d’enfants qui ne veut pas jouer avec un autre enfant est discriminant. - Un employeur qui n’embauche pas de personne de plus de 50 ans est discriminant. - Un bailleur qui n’a pas de locataire bénéficiant du RSA est discriminant.
- Quels sont les impacts ou effets positifs produits par cette expérience au niveau du public, du centre social ou de l'environnement ?
- a. Sur la structure Bien sûr, ce n’est pas la quantité qui compte mais bien la qualité. On l’a vu, une semaine d’actions par an en plus de la formation des partenaires, cela semble suffisant à tous. D’autant plus que le travail auprès des élus devra se poursuivre aussi. Ce qu’il faut c’est un rendez-vous annuel, un rendez-vous régulier qui permet aux habitants de se familiariser à cette semaine d’actions et de grandir avec elle. Je sais que l’équipe du centre socioculturel est fière de participer à ce projet d’envergure. Le responsable de la fédération des centres sociaux et socioculturel, nous l’a souvent dit, par ce travail riche et en profondeur, nous sommes un centre pilote. Le fait que le projet de lutte contre les discriminations soit devenu un projet-ville, amène une dimension supplémentaire aux actions du centre socioculturel. Pour mener vraiment à bien ce projet, il faut l’appui des élus. Pour l’instant, ils ont répondus oui, mais il faut que cela perdure. Le sujet des discriminations restera toujours un sujet délicat et il faut du cran pour l’affronter jusqu’au bout. Lors de la deuxième phase du projet, quelques un des partenaires m’ont spontanément proposés de travailler avec moi. Je sens que ce combat des discriminations est porté par beaucoup d’entre eux. L’envie de mieux connaître les tenants et aboutissants de la discrimination (qui est une préoccupation sociale et politique récente, affaire Taubira), l’envie de défendre au mieux les habitants et les usagers, la prise de conscience aussi de coopérer à un projet nouveau qui prend une dimension ville, leur donne sans doute cet élan. Un des facteurs les plus précieux a été la formation qu’ils ont suivit. Cela a créé une vraie implication et a donné beaucoup d’outils que l’on a ensuite envie d’utiliser. Même si le comité de pilotage met un peu de temps à se mettre en place, il permettra d’ancrer ce projet dans le temps, ce qui est réconfortant. Ce comité prendra ses fonctions dès le mois d’octobre 2013 pour impulser de nouvelles actions au plus près des habitants. Le récent succès de la deuxième phase du projet, avec la participation de nombreux habitants et le soutien de la mairie sur certaines actions, vient de conforter les partenaires dans leurs envies de continuer. Les nouveaux partenariats avec le Gite qui s’occupe de personnes en situation de handicap mental et avec le styliste qui crée des vêtements pour tous, mais avec des zips, des scratch et des aimants qui facilitent l’habillage de personnes en situation de handicap sont prometteurs pour de prochaines actions. Une partie du projet a pu être financier par le biais des demandes de subventions réalisées dans le cadre des politiques de la ville. Je compte faire en sorte que le projet perdure dans le temps et à cet effet devra prendre en compte l’impact financier d’un point de vue personnel. Ce genre de projet nécessite une formation continue du personnel. Si pour le démarrage du projet, celles-ci ont été supportées par la Fédération des Centres Sociaux, nous arriverons à terme, à faire appel à d’autres intervenants en contre partie du paiement de leur intervention. Il me faudra également prendre en compte l’impact que ce projet aura du point de vue formation. Je devrais le faire apparaitre dans le plan de formation de la ville pour les années à venir. b. Auprès des habitants Il y a eu beaucoup de discussions, formelles ou informelles sur le thème de la discrimination, avec des jeunes et des adultes, ce thème a été abordé de multiples fois. Les différentes expositions ont permis de délier les langues et ont données la possibilité aux habitants de trouver certaines réponses à leurs questions. Même si on la souhaite souvent plus nombreuse, la participation des habitants de Vauréal, tout au long de ce projet collectif a été bonne. Les échanges, qui nous forgent tous, ont été nombreux et aux vus des retours sur les livres d’or, je peux dire que les habitants soutiennent ce projet et en sont heureux. Il y a certains usagers qui s’investissent plus que d’autres, en tant que bénévole pour les temps d’actions. Leur investissement est un bon critère, pour savoir si l’on est dans la bonne direction, si l’on a bien pensé le projet pour les habitants, si on l’a bien compris aussi. Grâce à l’équipe et aux partenaires, j’ai toujours su trouver les bénévoles pour m’aider. Je pense à Nelly et Denise, entre autres. C’est vrai, ce sont souvent les mêmes, mais de temps en temps, il y a une personne nouvelle et cela fait bien plaisir. Enfin, il y a les habitants-bénévoles qui se mobilisent beaucoup, qui répondent présent pour les temps de formation, pour les réunions et qui donnent beaucoup de leur temps. Comme Geneviève par exemple. Je l’ai souvent associée aux prises de décisions, par rapport aux journées autour du handicap, je l’ai toujours informée de l’avancée du projet et elle a toujours été très disponible. Nous avons fait équipe pendant toute cette période. J’ai discuté avec elle, du fait que le critère du handicap prendrait une place plus petite l’an prochain, en lui en expliquant les raisons. Elle le comprend tout à fait, mais souhaite malgré tout proposer d’autres actions, même plus simple, alors le soutien, l’écoute et l’accompagnement des uns et des autres seront présents pour la suite. Elle veut organiser un défilé de mode, mêlant personnes valides et personnes en situation de handicap. C’est un bon projet qui trouvera sa place pour l’an prochain. Les contacts que nous avons eus cette année lui serviront pour la suite. Mais il y a aussi Jacques, qui a trouvé un nouvel élan au centre socioculturel, au moment de sa retraite, Christelle, maman très active, qui vient souvent tenir un atelier lors des journées d’actions…Leurs investissements, leurs paroles, me font dire qu’ils ont aussi pris le projet des luttes contre les discriminations à bras le corps. Ils en parlent autour d’eux, ce sont nos meilleurs communicants.
- Quels furent les facteurs de réussite de cette expérience ?
- Un travail partenarial de grande qualité ainsi qu'un portage du projet par les bénévoles.
- Quelles sont les limites de cette expérience ?
- le portage des histoires personnells vécues qui peuvent etre lourdes à porter pour l'équipe projet. Savoir prendre du recul et de la distance.