Quels furent les éléments de diagnostic à l'origine de l'expérience ?
Toute l’année, nous menons des actions en direction et avec des familles et des publics isolés. Certaines de ces actions sont ponctuelles, sur un thème bien précis, alors que d’autres durent plusieurs jours et se répètent plusieurs fois dans l’année (exemple : les bourses aux vêtements ou aux jouets). Les liens dans le groupe mettent beaucoup de temps à se construire. Le groupe se rencontre, se retrouve, se reconnait, apprend à se connaître … et échange beaucoup ! Des échanges sur le quotidien : les enfants, l’isolement, la santé, et tout ce qui les préoccupe. Des échanges sur des souvenirs, sur les bons moments passés à la Marelle : les actions communes, dont les sorties. Ils ont toujours beaucoup de plaisir à se souvenir du séjour roulottes … Nous en avons déjà organisé deux (l’un en 1999 et l’autre en 2005), avec à chaque fois un groupe quasiment toujours différent. Depuis deux ans déjà, nous entendons régulièrement : « c’est quand que nous partons en roulottes ? ». Ils en parlent et en reparlent, apportent des photos à ceux qui ne l’ont jamais fait … et partagent des moments tellement forts, que forcément, ceux qui ne l’ont jamais fait deviennent de plus en plus curieux de découvrir cette expérience. Une demande collective : une nouvelle aventure en roulotte !
Mots clés associés à l'actions
Famille
Culture
Intégration
vacances / loisirs
Description générale
Description de l'expérience, ses objectifs, ses acteurs et ses différentes phases.
Objectifs
Donner l'occasion à des groupes familles de vivre pleinement leur famille, dans un contexte confiant, serein, en sortant du quotidien,
Favoriser les échanges autour de cultures de vie différentes
Renforcer les solidarités familiales, inter-générationnelles et de voisinage,
Associer le groupe à l'organisation du séjour, encourager et valoriser les aptitudes de chacun
Favoriser les échanges dans un groupe à la fois si différent (âge, culture, situation familiale, milieu social), et à la fois si proche dans ses questionnements (parentalité, couple, santé, travail …). Partager des expériences, observer d’autres façons de faire, bouger …
Ceci, afin de répondre à :
- Un besoin changer d'air (stress - soucis - solitude - occupations limitées à l'écran pour certains enfants),
- Un besoin de rompre l'isolement de certains, de s'ouvrir aux autres, de changer les regards,
- Un besoin d'être plus autonome et plus épanoui dans le quotidien,
- Un besoin de prendre ou reprendre confiance dans son rôle de parent,
- Un besoin de devenir acteur de ses loisirs.
Le public
Un séjour en roulottes ne peut se vivre que collectivement : le groupe est entièrement ensemble pendant 3 jours. A Locmaria Berrien, c’est le dépaysement pour tous. Nous allons vivre au cœur de la nature, le temps d’un week-end. Pas de magasin, aucune d’activités dites de consommation, pas de téléphone, pas d’écran … tous les repères changent. Nous allons vivre dehors, marcher au rythme des chevaux … Un tel dépaysement implique au groupe de se connaitre un minimum … pour ne pas s’y sentir « trop dépaysé » …
Nous avons donc choisi de communiquer ce projet auprès de personnes qui participent déjà à l’une ou l’autre de nos actions. Ainsi, ils se sont tous croisés au moins quelques fois déjà … Lorsque nous avons diffusé l’info, nous avons choisi de privilégier les familles les plus en difficultés et celles qui n’y avaient jamais participé.
Le groupe s’est rapidement constitué : 35 adultes et 32 enfants sont inscrits. Et même si la convivialité peut sembler plus évidente à instaurer dans un groupe de 20 ou 30 personnes, le cadre dans lequel s’inscrit ce projet est rassurant pour un groupe de cette envergure. Et toutes les réunions de préparation que nous avons choisi de partager avec le groupe nous confortent dans ce choix, qui ne semble pas faire ombre à une ambiance conviviale. Le groupe apprend à se connaître en construisant ensemble ce week-end. C’est souvent en petit groupe que nous nous retrouvons (certains travaillent, les enfants sont à l’école …), ce qui facilite le lien, quand on ne connait pas toujours trop bien l’autre.
Préparation du projet
Différentes étapes constituent la préparation de ce projet. Construire ce week-end avec le groupe est notre première volonté. Pour cela, nous mettons en place un calendrier de rencontres, que nous allons soumettre au groupe.
Les rencontres pour comprendre … Nous reprécisons le cadre, ce que nous attendons du groupe, ce qu’est un projet, comment il peut être financé, avec quels moyens, et nous commençons à aborder des notions de buget.
Les rencontres pour construire … Nous vérifions que calendrier convienne au groupe (jours et horaires), recensons les points à aborder, définissons les repas, le matériel à prévoir, le trousseau de chacun, les occupations durant le séjour, la répartition dans les roulottes, le budget, … Depuis le mois de mars, 7 rendez-vous sont proposés, dont une journée de repérage à Locmaria Berrien.
Les rencontres pour développer des moyens … Le groupe s’est mobilisé pour développer les moyens financiers, lors de spectacles, organisés par la MJC : une soirée et une après-midi, en tenant un bar et vendant des gâteaux qu’ils avaient confectionnés. Lors des bourses aux vêtements et aux jouets, ils ont également fait le choix de proposer des crêpes et des boissons, au public extérieur.
La dynamique est là … Les étapes sont définies … Différentes tâches sont listées… chacun se place.
Petit à petit, le projet se construit … se concrétise … Ils commencent à en parler dans leurs foyers … ils ont hâte !
Une rencontre pour tous se retrouver avant le grand départ. Le groupe ne se retrouve jamais au complet lors des réunions de préparation. Les enfants sont généralement à l’école, et certains adultes travaillent. Une soirée va donc réunir tout le monde, une semaine avant le grand week-end. Ceux qui se seront plus impliqués dans l’organisation (une vingtaine d’adultes) expliqueront au reste du groupe le contenu du projet.
Quels sont les impacts ou effets positifs produits par cette expérience au niveau du public, du centre social ou de l'environnement ?
- Dès le printemps, plusieurs réunions ont été organisées pour préparer le séjour : une quinzaine d’adultes y ont régulièrement participé. Ces rencontres ont permis à certains d’entre-eux de se rencontrer et de prendre place tout doucement dans le groupe. Une semaine avant le départ, une soirée a réuni tout le groupe (enfants et adultes) … Des volontaires avaient préparé des panneaux, servant de support pour expliquer l’organisation du séjour au reste du groupe, ce qui leur a permis de s’approprier le projet et d’en parler plus aisément.
- Tout le monde ne se connaissait pas dans le groupe. Il y avait à la base des appréhensions autour de préjugés, du regard de l’autre … Mais cela s’est très vite oublié. L’entraide, les rigolades, l’ambiance a contribué à détendre tout le monde.
- La présence des animateurs enfance a été très bénéfique. Elle a facilité la rencontre du groupe d’enfants, en proposant des grands jeux collectifs. Les deux animateurs ont sollicité les ados et les ont encouragés à participer aux grands jeux pour accompagner les plus jeunes. Ainsi, dès le début du week-end, ils ont été intégrés au groupe. Les jeux proposés régulièrement aux enfants ont permis aux parents de se poser, de se rencontrer, de causer, de faire confiance, de passer le relai … Ca a été pour les uns une bouffée d’air sans les empêcher de garder des moments exclusifs avec leurs enfants (le repas, les moments autour du feu, le coucher, la toilette).
- Compte tenu de l’importance du groupe, nous avons rapidement distribué les tâches collectives. Ainsi, le groupe s’est rapidement approprié l’espace, l’organisation et a largement participé à l’ensemble des tâches.
- Pour certaines mamans, isolées, ce week-end aura été l’occasion de rencontres, d’échanges de savoirs, de conseils … et de coordonnées téléphoniques afin de se revoir !
- Pour de nombreuses familles, ce week-end aura été l’occasion de sortir du contexte quotidien, en s’essayant à de nouvelles expériences.
- Le rapport avec la nature, le dépaysement, la découverte d’un autre milieu a été bénéfique pour tout le monde. Le groupe a joué le jeu de laisser les écrans à la maison (même les téléphones portables sont restés le plus souvent dans les sacs).
- Ce week-end aura été l’occasion pour de nombreux enfants d’être confrontés à la vie en collectivité, aux jeux avec leurs règles …
- La veillée du samedi soir a été un moment fort au coin du feu : rires, chants, mimes, complicité, tendresse …
- Un jeune garçon du voyage a partagé son savoir-faire en fabriquant un panier en osier … Plusieurs adultes se sont prêtés à cette nouvelle expérience et ont essayé de travailler l’osier …
Quels furent les facteurs de réussite de cette expérience ?
Facteurs de réussite
- Le groupe était si différent, tant dans ses habitudes, son milieu culturel, social, âge … et pourtant si proche dans ses questionnements, ses moments de partage et de rigolade …
- Le groupe a été associé à toutes les étapes du projet.
- Nous avions prévu « une surprise » au groupe … Un groupe de musique tzigane a accompagné la soirée du samedi : chants, échanges, musique, berceuse avant de s’en aller, … une rencontre magique, un grand moment d’émotion pour les uns et les autres …
Quelles sont les limites de cette expérience ?
Limites
- Quand un groupe familles porte un projet, le résultat est souvent intéressant, mais cela nécessite qu’un animateur soit toujours présent, pour préserver la place des familles les plus en difficultés.
- Le fait de faire porter ce projet par le groupe nécessite forcément un temps long de préparation.